PhiN 66/2013: 63 Hélène Perdicoyianni-Paléologou (Boston)
Georges-Jean Pinault (2008): Chrestomathie tokharienne. Textes et grammaire. Leuven, Paris: Peeters. (= Collection linguistique publiée par la Société de Linguistique de Paris, 95)Le livre s'ouvre sur un court avant-propos dans lequel l'auteur présente son travail. En effet, il ne s'agit pas d'une nouvelle édition de son «Introduction au tokharien» qui est parue dans le numéro 7 de Lalies en 1989, mais d'un recueil de textes caractéristiques de la littérature tokharienne religieuse et profane. Cette collection représente la première partie de l'ouvrage qui comporte des textes tirés du tokharien A et du tokharien B, langues indo-européennes qui remontent, selon toute vraisemblance, au début du second millénaire avant notre ère dans le bassin Tarim, actuelle province de Xinjiang, à l'ouest de China, et qui furent écrites et parlées jusqu'au premier millénaire apr. J-C. Ces textes sont les suivants:
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Les textes tokhariens sont généralement cités en transcription; le procédé de translittération est peu utilisé. Dans l'ensemble, les textes sont suivis d'une traduction, d'explications grammaticales, d'une analyse du vocabulaire et d'une comparaison avec le texte sanskrit, lorsqu'il s'agit de textes religieux de contenu bouddhique. La première partie se termine sur un brève appendice consacré à la métrique tokharienne. Après avoir présenté, de manière succincte, les données essentielles du système de versification et fourni un inventaire des principaux schémas métriques, l'auteur traite des particularités d'ordre phonétique et morphologique et des textes métriques. Il met l'accent sur l'emploi en vers de formes qui présentent, sur le plan synchronique, la syncope d'une voyelle fermée normalement accentuée, sur la présence en tokh. B archaïque de la voyelle finale -*ä, et, enfin, sur le rôle déterminant que joue la présence des signes de ponctuation et des formes propres à la poésie pour affirmer le caractère versifié d'un passage. La deuxième partie, intitulée "Esquisse grammaticale", comprend trois chapitres destinés à expliquer les faits linguistiques majeurs de la grammaire des deux langues tokhariennes. Le premier chapitre est consacré à la phonologie tokharienne, dont les faits sont définis tant du point de vue synchronique que du point de vue diachronique. Cette approche complémentaire amène l'auteur à mettre en évidence la reconstruction des systèmes vocalique et consonnantique du tokharien commun et à faire ressortir l'évolution du tokharien commun au tokharien B et au tokharien A. La reconstruction de l'état du tokharien commun permet également d'expliquer les évolutions principales qui se manifestent dans les faits morphologiques du tokharien B et du tokharien A, ce qui constitue le contenu des deuxième et troisième chapitres. La présentation des paradigmes complets en comparaison des identifications concises qui figurent dans les textes étudiés sert à déterminer les principes de la formation et de la flexion des noms, des pronoms et des verbes. L'ouvrage se termine sur une bibliographie générale, riche et exhaustive, un index verborum et la table des matières. Bref, il s'agit d'un ouvrage intéressant et riche en documentation, parce qu'il comporte des textes édités et traduits pour la première fois. La présentation des deux parties complémentaires contribue à la connaissance approfondie de la structure des deux langues tokhariennes ainsi que à celle de leur évolution diachronique. |